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Non, Oui et alternatives.

Dernière mise à jour : 17 juin 2022



Aujourd'hui, je t'offre un défi (et un peu de théorie).


Ce défi t'aidera à plusieurs niveaux.


En diminuant les crises de ton enfant.

En améliorant le dialogue avec ton enfant (et ton conjoint aussi!)

En te permettant de prendre un peu plus de temps pour écouter et répondre.


Tu es prêt.e ? Lis ce qui suit.

Nos enfants entendent le mot ''Non'' tellement souvent dans une journée, c'est assez étourdissant quand on s'arrête quelques instants pour y penser. Je ne te dis pas de ne pas mettre de cadre, au contraire. Je ne répéterai jamais assez que tu peux être encadrant et respectueux à la fois. Et je ne dis pas de tout accepter ou rien refuser. Ce serait du laxisme (de la négligence en fait).


La technique expliquée un peu plus loin fait simplement clarifier ce cadre, d'améliorer la communication avec ton enfant et te permettra de déclencher moins de crises. (Oui, la plupart des crises sont créées par des interventions manquées. C'est difficile à entendre, mais quand on s'y arrête on le réalise. Et c'est à ce moment qu'on peut vraiment changer les choses.)


Les enfants entendent ''Non'' pour tout. Toute la journée. À la maison, à l'école, au service de garde, à la pratique de soccer, ... Partout. Et que ce soit pour avoir plus de dessert, pour jouer plus longtemps, pour inviter des amis à la maison, pour aller boire de l'eau pendant un cours ... et j'en passe.

On est si pressé qu'on ne prend pas toujours le temps d'expliquer ce qui se cache derrière ce ''non''.


L'enfant entend juste ''non''. Et parfois, c'est ''oui''. Nos cocos sont dans le moment présent. Ils le vivent intensément (et avec raison). Des demandes, ils en ont des milliers. Que ce soit pour un besoin, un désir, une question ou encore pour tester une limite. Et c'est tout à fait normal.


Ils nous font une demande et quelle soit bien formulée ou pas, ils obtiennent souvent un ''Non.'' (Par manque de temps, par fatigue, par diverses préoccupations ... des raisons de dire non, on en a beaucoup!)


Et une crise est déclenchée. Pourquoi ? C'était logique pourtant que tu ne pouvais pas lui dire ''oui'' cette fois-là. Pourquoi encore une crise pour un simple ''non'' ? (On décortique ça. Je suis certaine que ça va t'aider.) Dans sa tête, ton ti-loup avait un plan génial. Il voulait aller au parc. Il t'en parle et obtient un ''Non'' catégorique. Pas d'explications, juste un non. Ou une explication vague. Peu importe.


La seule chose qu'il a entendu lui, c'est ''Non''. Le reste il ne l'a pas entendu, et c'est là que son cerveau reptilien a fait sa job (ça c'est dans mon live sur les 3 cerveaux si ça t'intéresse). Je sais, ça marchait comme ça dans les années 80. C'était non, un point c'est tout (c'était

pas mieux accueilli dans ce temps-là tu peux me croire!).


En fait, le ''non'' apporte plusieurs répercussions.

Développement cognitif


Le cerveau n’est pas programmé pour entendre la négation. Tu ne me crois pas ?


Je vais te donner un exemple! Tu te rends pour la première fois chez quelqu'un. Cette personne te donne de nombreuses directives.


Prend la route 139 pendant 30 km. Au village, tu passes le dépanneur et à la 3e lumière tourne à gauche. Lorsque tu verras l'église, ne tourne pas à gauche...


Que feras-tu lorsque tu lorsque tu verras l'église? Tu vas te questionner et te demander quoi faire. Et moi, ça m'est arrivé de tourner à l'église. Eh oui. Mon cerveau a retenu le ''église'', mais pas le ''pas''.


Et c'est pour cette même raison que les enfants se mettent à courir lorsqu'on leur dire ''Ne cours pas!'' ... Le cerveau est programmé de cette façon. Pas seulement celui des enfants. Tous les cerveaux, le tien aussi.


C'est un sujet vraiment intéressant la négation et nous y reviendrons dans un autre post.


Développement socio-affectif

- Le ''non'', n'encourage pas le dialogue et c'est un modèle verbal (un peu poche) qu'on offre à l'enfant. C'est certain qu'il va s'en servir lorsque ce sera son tour puisque c'est un outil facile à utiliser. C'est pas génial comme outil à placer dans son coffre surtout lorsqu'on sait qu'il y en a des plus efficaces.


On préfère varier tout ça et outiller Ti-loup le plus possible afin qu'il soit efficace dans une résolution de conflit ou une négociation.



- Le non sous-entend également une injustice. On va se l'avouer, il y a des ''non'' qui sortent rapidement parce que nous sommes fatigués, stressés ou pas super concentrés sur ce que Ti-loup nous demande. C'est normal qu'il le prenne pour une injustice, car il n'y a aucune justification qui vient avec (on s'entend qu'en situation de danger, moi aussi j'utilise le ''non'' et une fois le danger passé, là je me permets de verbaliser). Un intervenant m'a déjà dit ''L'injustice est le sentiment qui réveille les pires réactions chez l'être humain''.


Et c'est tellement vrai. C'est pas différent pour nos mini-humains. Il ne peut pas comprendre pourquoi la semaine dernière, c'était oui et cette fois-ci c'est non?? ''Parce que je l'ai dit, c'est tout.'' c'est plutôt frustrant comme réponse, et on ne le prendrait pas très bien non plus.



- Le non encourage l'opposition. Si un enfant s'oppose à tout, lui dire ''non'' est le meilleur moyen de déclencher une crise. Par contre, en dialoguant, en questionnant ... l'enfant sera beaucoup plus coopératif.


Il se sentira vu, écouté et aura le goût de parler davantage. Et on conserve notre cadre, ça aussi c'est important. - Le non limite la durée de l'interaction, des contacts visuels et de la qualité de l'attention qu'on donne à notre enfant. Lorsqu'on dit un ''non'' rapide en regardant notre cellulaire, l'enfant n'a pas notre pleine attention.


Par contre, si on s'arrête et qu'on prend le temps d'échanger, ça change le niveau de qualité de l'interaction avec l'enfant. Et ça, il le sent crois-moi.

Développement langagier

- Le non n'encourage pas la production de phrases complètes et on sait que pendant la période du 0-5 ans, c'est vraiment important d'entendre des phrases bien structurées. Le PLUS SOUVENT POSSIBLE. Un simple ''non'' n'apporte pas aucune variété au niveau du vocabulaire non plus.


Et tout ça, ça vaut aussi pour le ''Oui''.


Ok... et on fait ça comment ?



Exemple #01

''Maman, je peux aller jouer au parc?''

-Non, pas aujourd'hui. (Crise du ti-loup qui voulait vraiment y aller.)

Alternative :

''Maman, je peux aller jouer au parc?''

- Est-ce que tu es prêt ?

''Oui!'' - Ah oui ? Est-ce que tu as terminé tes devoirs pour demain? ''Non, il me reste x à faire.''

- Dès que tu auras terminé, on regarde le temps qu'il reste. S'il reste tu temps, tu pourras y aller et revenir pour souper. Tu reviens me voir lorsque tu seras prêt ?

''Maman, regarde. J'ai fini mes devoirs. Je suis prêt.

- Super! Il reste 1 heure avant qu'on mange. Reviens pour souper. À tantôt mon coeur.


--- On a quadruplé l'interaction (8 tours de paroles vs 2 dans la première version). Les phrases de la mère sont élaborées et remplies de verbes et de vocabulaire. On aime ça!


Ok, mais si Ti-loup était revenu et qu'il ne restait que 5 minutes avant souper? Et bien, on gère l'émotion, mais ça c'est le sujet d'un autre post! ... mais je t'en parle quand même aprèes l'exemple #02!


Exemple #02


''Papa, je peux aller chez mon amie Aurélie?'' -Non, ça fonctionnera pas aujourd'hui.

(Crise de cocotte qui tenait à jouer aux poupées chez Aurélie.)


''Papa, je peux aller chez mon amie Aurélie ?''

- As-tu rangé ta chambre ?

''Euh non j'ai pas fini. Je veux vraiment aller jouer chez elle.'' - Dès que tu auras rangé ta chambre, s'il reste du temps on pourra appeler sa mère.

''J'ai terminé. Est-ce qu'il reste du temps?''

-Viens, nous allons regarder l'heure ensemble.


--- On a triplé les interactions. Je suis certaine que des contacts visuels ont été échangés lors de cette discussion. Le concept de notion du temps est même abordé en plus de ne pas avoir dit ''non'' ou ''oui''. Il est possible, selon l'âge de l'enfant, de lui montrer à lire l'heure et utiliser une minuterie.


--- Avec cette technique, l'enfant se responsabilise et réalise que ce n'est pas par injustice que son parent lui dit ''non''. Il a un contrôle positif sur ce qu'il peut faire pour que tout se passe bien.


--- Il apprend que le temps ne peut pas être contrôlé. Si l'enfant joue plutôt que de ranger sa chambre ? Il ne restera plus de temps pour aller chez Aurélie, qu'est-ce qu'on fait ? ''Je sais que tu voulais vraiment aller chez Aurélie. Par contre, je vois que tu as choisis d'utiliser tes minutes de jeux pour jouer avec tes casse-têtes dans ta chambre. Il ne reste plus de temps. Tu dois être très déçue, je te comprends. On se réessaie demain?'' (Ne pas oublier de nommer la déception que l'enfant peut vivre à ce moment-là).


Est-ce que toutes les crises sont évitées par le ''ni oui ,ni non'' ? Pas toujours, mais en général oui. Et l'enfant apprend tellement de ces échanges. L'adulte aussi. Ce type de discussions protège la relation. Il est encadrant, conscient et respectueux.


J'ai des parents(et des éducatrices) qui m'ont dit que ça prend beaucoup plus de temps de le faire de cette façon. Oui, ils ont raison, mais ils ont également tort.

(Ça dure combien de temps une crise de ton ti-loup ? Moi, je te dis, je préfère dialoguer, c'est efficace, c'est moins long à gérer qu'une crise et... les répercussions sont tellement plus positives!) J'aime beaucoup travailler cette technique sous forme de défi pour la famille. Entre parents ou même dans une équipe d'éducateurs. C'est simple et amusant. On note les ''oui'' et les ''non'' dits par l'autre au courant de la journée.


Tout le monde se corrige assez vite, car on veut ''gagner'' cette petite compétition, mais c'est surtout une façon amusante de changer nos vieilles habitudes.


Et si on s'échappe et on dit ''oui/non'' ? On se corrige ! On peut même en rire et on reformule avec le bon modèle.


Et en impliquant les enfants, ça devient vraiment amusant (ils vont les attraper tes oui/non et toute la famille allongera ses phrases, développera de nouvelles compétences et communiquera plus efficacement !


Les fous rires que ce défi apporte sont vraiment agréables. Les contacts visuels aussi.


(et, je l'ai déjà dit et je le répète, les crises diminueront...)


Essaye-le, ça fait toute une différence au niveau de la coopération des enfants.


(Tu peux venir m'en donner des nouvelles, ça me fait toujours plaisir !)

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